La névrose – qu’est-ce que c’est ?

La névrose est un terme qui initialement désignait une maladie des nerfs. Le terme « névrose » dérive du mot grec ancien « neurone » qui signifie « nerf » et signifie «maladie des nerfs». La caractéristique principale de la névrose est un niveau élevé d’anxiété généralisée. La névrose peut se manifester aussi sous la forme d’autres symptômes tels que les phobies, les attaques d’angoisse, l’irritabilité, le perfectionnisme ou encore les obsessions et les compulsions.

Bien que très répandue dans des formes légères, la névrose peut être très handicapante et nous empêcher de vivre et de nous développer harmonieusement.

névrose femme troublée limites

Symptômes de la névrose

La névrose s’exprime au niveau psychique ainsi qu’au niveau corporel.

Les manifestations sur le plan de la psyché

Au niveau psychique la névrose se manifeste notamment par des angoisses irrationnelles. Toutefois, elles ne perturbent pas le rapport à la réalité de manière aussi radicale que le fait la psychose. C’est-à-dire la névrose ne provoque pas d’hallucinations ni de délire. Le patient est globalement conscient de ses troubles et, dans la majorité des cas, peut reconnaitre leur caractère irrationnel. Cependant, des tensions internes provoquent de fortes émotions négatives comme la tristesse, la colère, l’envie ou encore la culpabilité qui sont difficiles à réguler. Ces émotions sont persistantes et perturbent les relations.

Les symptômes sont  très différents et on distingue plusieurs types de névroses selon la façon dont l’angoisse se manifeste. Il peut s’agir d’anxiété généralisée, de phobies, d’irritabilité, de brusques changements émotionnels, de problèmes d’adaptation aux attentes sociales. Pour les personnes souffrantes de névrose, il peut s’avérer problématique d’entretenir des relations amoureuses, amicales et professionnelles. Pour certains, les apparitions publiques sont impossibles. Les perturbations émotionnelles peuvent affecter négativement la capacité de concentration et de mémorisation.

Selon la problématique dominante et les mécanismes de défense majoritaires, la névrose peut prendre une forme hystérique, hystérophobique, ou encore obsessionnelle. Dans cette dernière, le doute et le manque de confiance en soi peuvent être très invalidants.

Les névrosés qui ne souffrent pas forcement de symptômes isolés mais, plus globalement, la problématique névrotique imprègne différents secteurs de leur vie.  Nous parlons alors du « caractère névrotique », ou ce que certains appellent maintenant « troubles de la personnalité ».  Comme dans la névrose, ici également les conflits inhibent les choix, les conduites sociales et s’accompagnent d’une conscience pénible de l’affection psychique.

 

Névrose hystérique

Parmi les névroses, l’hystérie occupait une place prépondérante. Cette classe de névroses, dans laquelle le conflit psychique peut s’exprimer tantôt par des symptômes physiques d’ordre fonctionnel tantôt par des symptômes psychiques comme des angoisses ou labilité émotionnelle extrême.

Nous assistons depuis une trentaine d’années à la disparition de l’hystérie dans la nosographie, au profit de la notion du syndrome post-traumatique qui connaît une réelle inflation.

En effet, Freud avait lié l’hystérie au traumatisme de la séduction pour ensuite abandonner l’aspect traumatique sexuel dans l’étiologie de l’hystérie.

 

Les symptômes sur le plan somatique

femme a mal au ventre angoisse-ventre-névrose somatisation

Au niveau corporel la névrose est à l’origine de douleurs, de troubles du sommeil, de perturbations des fonctions alimentaires et sexuelles. Autrefois certaines affections fonctionnelles étaient appelées « névrose d’organe« , par exemple névrose de l’estomac ou névroses cardiaques. La névrose de l’estomac est une affection du système digestif résultant d’une angoisse excessive. La cavité abdominale est un des organes principaux des réactions psychosomatiques cumulant les douleurs. La colère, l’angoisse et d’autres émotions fortes peuvent causer de la douleur dans différents organes. L’origine de la souffrance est donc psychique mais elle se manifeste par un dysfonctionnement réel des organes.

Soigner la névrose

En lien avec le refoulement, les affections névrotiques sont particulièrement tenaces sans pourtant mettre la vie en danger. Lorsque la névrose parvient à handicaper notre vie elle doit être soignée.

Selon la théorie psychanalytique les névroses trouvent leur origine dans des expériences traumatisantes et par conséquent refoulées de l’enfance. Pour soigner la névrose, la psychothérapie demande au patient de retrouver les souvenirs de ces expériences refoulées. Une fois que les expériences traumatiques oubliées sont ramenés à la conscience, le patient peut confronter ces évènements. Leur expression par des paroles à une effusion soudaine d’émotions qui s’y rattachent et qui sont restées bloquées. Ce phénomène appelé «catharsis» permet de libérer  et décharger les émotions et d’élaborer les éprouvés du traumatisme.

Les névroses sont une bonne indication pour une psychothérapeutique psychodynamique ou une psychothérapie integrative. L’expression des affects par la parole, leur mise en mots n’est pas facile pour un certains nombre de personnes. Aussi, les techniques corporelles peuvent contribuer à soulager, dans un premier temps, les manifestations somatiques liées à la souffrance névrotique. L’approche corporelle permet d’observer et d’analyser les états du corps qui étaient ignorés jusque-là. Les liens que le patient fait au cour de la thérapie, la symbolisation et la prise de conscience offrent la compréhension et en conséquence, le soulagement de la souffrance.

 

Pour en savoir plus

Définition de la névrose – développement historique

Un médecin écossais, William Cullen, a crée ce terme à la fin du XVIIIè siècle à partir du mot « nerve » et du suffixe « ose » venant du « ôsis » grecque désignant la maladie (comme dans arthrose ou toxoplasmose).

Les psychanalystes définissent la névrose comme une affection psychogène où les symptômes sont l’expression symbolique d’un conflit psychique trouvant ses racines dans l’histoire infantile du sujet et constituant des compromis entre le désir et la défense.

Initialement, le terme était utilisé pour designer indistinctement toutes les maladies ayant trait au système nerveux telles que l’hystérie, les psychoses ainsi que les affections neurologiques comme l’épilepsie. La distinction entre les maladies neurologiques liées à une atteinte du système nerveux  et les maladies « des nerfs », psychogènes, sans lésion neurologique apparaît au XIXè siècle. Suite aux travaux de Janet, Charcot et surtout de Freud la distinction entre les maladies neurologiques et les affections psychologiques sera précisée et le terme de névrose continue d’être utilisé aujourd’hui pour ces dernières.

Névrose versus psychose

La classification diagnostique des affections psychique s’appuie sur l’opposition kraepeliniene entre la névrose et la psychose. Emil Kraepelin est généralement cité comme le père de nosographie de base des affections psychiques. Sa classification repose sur différentes causalités : interne pour les psychoses et externe pour les névroses.

 

L’apport freudien à la compréhension de la névrose

Avant l’émergence de la catégorie de « borderline » au milieu du 20e siècle, les thérapeutes distinguent les deux catégories de la pathologie psychique : névrotique et psychotiques. La différence centrale entre les deux consiste en ce que les névrosés se distinguent par une bonne inscription dans la réalité alors que les psychotiques perdent le contact avec la réalité.

Les travaux cliniques de Freud ont permis de comprendre que le fonctionnement névrotique ne se limite pas à la maladie. Il a souligné la continuité entre le normal et le pathologique. Ainsi, l’aménagement névrotique existe chez certaines personnes de manière relativement souple et équilibrée alors que chez d’autres personnes, les symptômes névrotiques empêchent de vivre, de travailler et d’aimer. Freud écrivait : « les névrosés sont les hommes tout comme les autres, ils tombent malades des mêmes complexes que ceux avec lesquels […] les bien portants sont en lutte. Mais les bien portants savent maîtriser ces complexes sans gros dommages, alors que les névrosés ne réussissent à réprimer ces complexes qu’au prix de coûteuses formations de substitut, c’est à dire que pratiquement ils y échouent. »

Même si elle est trop simplifiée, la conceptualisation de Freud de différents degrés de pathologie psychique a ouvert la porte au développement de classifications plus complètes et plus nuancées. Elle a également permis d’enrichir différentes approches thérapeutiques et les adapter aux différents types de difficultés. Freud a aussi ouvert la voie à la compréhension des mécanismes psychologiques sous-jacents.

Freud a commencé à faire la distinction entre une névrose obsessionnelle chez une personne par ailleurs non obsessionnelle et un caractère obsessionnel-compulsif.

Les communautés psychanalytiques, ont décrit par la suite, une nouvelle distinction au sein de la catégorie névrotique entre « névroses symptomatiques » et les « névroses de caractère ». Cette distinction entre les symptômes névrotiques et la personnalité névrotique reste importante pour déterminer l’approche psychothérapeutique.

Complexification des modèles explicatifs

Les psychologues et les psychothérapeutes ont continué à chercher à rendre compte des effets de plusieurs autres facteurs sur le fonctionnement névrotique. Les expériences d’attachement, sécure ou pas, ainsi que les éventements traumatiques provoquent des réactions variables. Ces épreuves modifient notamment la préoccupation centrale de chaque personne.  Pour les uns il s’agira de la sécurité, pour d’autres, de l’autonomie ou encore de l’identité. Selon son histoire de vie le névrosé présentera aussi un différent type d’anxiété : anxiété d’annihilation, anxiété de séparation, ou des craintes spécifiques de punition, ou encore de perte de contrôle. Le type du lien à l’objet sera également différent : symbiotique, de type séparation-individuation ou œdipien. Tous ces facteurs, ainsi que les capacités relationnelles ou le sentiment de soi constituent des dimensions qui induisent une grande variété au sein des fonctionnements névrotiques.

 

La névrose – qu’est-ce que c’est ?

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