Victime du pervers narcissique
La victime du pervers narcissique est soumise à une forme insidieuse de manipulation et d’emprise. Elle subit des violences sous différentes formes : des abus émotionnels, physiques ou financiers. Elle est employée, exploitée, grugée, discréditée, disqualifiée, abaissée, vidée. Face au pervers, l’autre doit se soumettre et plier. Le pervers peut ainsi blesser, embarrasser, humilier sans en ressentir aucune souffrance. Le pervers s’attaque à l’identité, à la confiance en soi, au sentiment d’indépendance et à la dignité de sa victime. Les agirs du pervers narcissique induisent chez la victime des traumatismes, de l’anxiété, des symptômes psychosomatiques, et de la dépression.
Il n’y a rien à attendre de la fréquentation des pervers narcissiques, écrivait Paul-Claude Racamier, on peut seulement espérer en sortir indemne.
Paul-Claude Racamier, psychiatre et psychanalyste français, fut le premier à associer narcissisme et perversion. Il décrit le fonctionnement du pervers narcissique aussi bien sur le plan individuel qu’au niveau des dysfonctionnements institutionnels. Il l’a défini comme une façon de se mettre à l’abri des conflits internes en se faisant valoir aux dépens d’autrui. De fait, le pervers narcissique échappe à la souffrance liée à l’image déficiente qu’il a de lui même en rabaissant sa victime. Racamier décrit « les imposteurs, les escrocs et les mystificateurs de tout genre » mais souligne que le fonctionnement pervers peut nous arriver à tous. Nous pouvons manifester des mouvements pervers, à petite dose et de manière passagère, lorsque nous faisons face à une grande douleur psychique, à un grand désarroi, à une détresse narcissique (une désillusion par exemple), ou suite à un deuil. Racamier appelle « soulèvement perversif » cette apparition passagère des mécanismes pervers dont il s’agit de souligner la fréquence et le caractère indispensable : « Un brin de perversion narcissique ne nuit à personne et même est-il indispensable à quiconque, en vue de sa survie sociale. » Mais lorsque le fonctionnement pervers s’installe durablement et s’organise il devient véritablement destructeur. » Tout est question de dosage.
Qui peut devenir victime d’un pervers narcissique ?
Les pervers disposent d’une sorte de radar qui leur permet de repérer leur proie et de dénicher parmi les personnes fragiles ou vulnérables celle qui va rester à ses côtés, peu importe les circonstances.
Tous, même les personnes très intelligentes peuvent devenir victime du pervers narcissique sans réaliser ce qui leur arrive car les conduites du pervers narcissiques paralysent la pensée de leur proie. Certaines personnes sont pourtant plus à risque : les personnes qui manquent de confiance en elles, celles qui manquent de sécurité intérieure. Nombre de victimes souffre d’insécurité affective car elles ont grandi dans un environnement instable, anxiogène voire maltraitant. Certaines ont subi des manquements de la part de leur entourage, un abandon, des abus ou de la maltraitance dès leur enfance. Ce qui les rend particulièrement vulnérables. D’une part elles ne savent pas repérer le danger car pour elles nombre de situations dégradantes ou dangereuses que le pervers narcissique leur fait subir est normal car elles l’ont subi dans leur enfance. D’autre part, elles ont tendance à choisir un partenaire qui leur donnera l’occasion de « réparer » le ou les parents responsables. La victime du pervers narcissique reste avec lui malgré la souffrance qu’il lui inflige parce que elle a le fantasme de pouvoir le soigner. Les cliniciens savent qu’un homme pervers sait reconnaître parmi toutes les femmes, celle animée d’une passion réparatrice, capable de s’investir sans relâche dans la mission de guérir l’autre.
C’est pourquoi, face aux violences subies, les victimes ne réagissent pas et restent sans se révolter. Elles n’osent pas dénoncer la violence, restent passives sous l’emprise aliénante de leur bourreau.
Pour se libérer de cette emprise la victime du pervers narcissique a besoin de soutien.